Esther Sénot, une mémoire vivante de la Shoah

Esther Sénot née Dzik, est née le 15 janvier 1928 à Kozienice en Pologne. Elle est la fille de Nachim et Gela Dzik et l’avant dernière d’une fratrie de sept enfants.

Esther Sénot en 2021

En 1928/1929, la famille Dzik arrive en France à Paris. Ils sont juifs non-pratiquants et communistes. Entre 1929 et 1939, ils vivent une vie modeste mais à peu près normale. En 1934, leur demande de naturalisation est refusée. A partir de 1940, avec l’occupation allemande et le régime de Vichy, la situation des juifs en France se dégrade. Ils subissent de plus en plus de restrictions et leur vie devient de plus en plus difficile.

L’enfer d’Auschwitz
Le 17 juillet 1942, les parents d’Esther et son plus jeune frère Achille sont pris dans la rafle du Vel d’Hiv. Ils sont déportés à Auschwitz et assassinés dès leur arrivée. Esther échappe à la rafle en passant la nuit chez sa belle-sœur. Les deux semaines suivantes, elle se réfugie chez sa concierge qui l’aide à passer la ligne de démarcation pour retrouver son frère à Pau. Cependant, son frère ne reste pas à Pau et Esther est obligée de revenir à Paris.

Esther Sénot à 15 ans

En juillet 1943, Esther est arrêtée dans la rue par la police. Elle est envoyée dans le camp d’internement de Drancy. Deux mois plus tard, alors qu’elle n’avait que 15 ans, le 2 septembre 1943, elle est déportée par le convoi N°59 jusqu’au camps de concentration Auschwitz-Birkenau  ; le trajet de trois jours est particulièrement atroce à vivre. Esther Sénot témoigne : « Les bébés hurlaient, les personnes âgées tombaient par terre. Nos besoins s’étaient répandus dans le wagon. On s’est pris des coups de matraque pour nous faire descendre des wagons.  »

Arrivée au camp de concentration, l’enfer commence. Elle est assignée au bloc 27, avec 600 autres femmes. Elles sont obligées de se déshabiller, elles se font raser et se font tatouer un numéro. «  On n’avait officiellement plus d’identité, on ne pouvait plus prononcer notre nom  ». Esther et les autres devaient apprendre leur numéro en allemand et en polonais  ; pour Esther son numéro était 58 319.

Les marches de la mort
Après deux ans de camp de concentration, le 17 janvier 1945, Esther entreprend une «  marche de la mort  ». Pendant trois jours, jours et nuits les déportés marchent en rang sous la menace des coups de fusils des SS. Ils sont ensuite mis dans des wagons à bestiaux découverts avec un froid glacial. Esther est déportée dans son troisième camp de concentration, à Bergen-Belsen dans le Nord de l’Allemagne.

Enfin, elle est envoyée dans un dernier camp de concentration à Mathausen en Autriche jusqu’au 5 mai 1945. A partir de cette date, Esther et d’autres femmes marchent longtemps jusqu’à un ancien couvent transformé en hôpital militaire pour les SS blessés. Devant le couvent, il y a des prisonniers français qui travaillent pour les Allemands. Ils ramassent les déportés du camp de concentration et les mettent au fond du jardin pour essayer de les nourrir.

La fin de la guerre
A la capitulation de l’Allemagne, des Américains arrivent au couvent et soignent les déportés. Esther a attrapé le typhus comme beaucoup d’autres.
Le retour en France est affreux. Esther témoigne  : «  Je ne tenais plus sur mes jambes. J’avais des plaies sur la tête, je pesais 32 kilos et j’avais les cheveux rasés  » De plus, à leur retour personne ne les croit  : «  On nous a traités de tous les noms, de menteuses, on nous a dit qu’on racontait n’importe quoi. On a été culpabilisées d’être revenues, on s’est repliées sur nous-mêmes. Le seul problème est qu’on était nées juives.  »

Esther Sénot a aujourd’hui 97 ans, elle a survécu à la guerre, à quatre camps de concentration, au typhus et sûrement à beaucoup d’autres maladies et d’autres horreurs inimaginables.

Article rédigé par Domitille O. et Malou E. (3D)
Sources  : Wikipédia, France 3 et France 2